Des mots…

Peindre le secret des femmes, entre ombre et lumière

Valérie Mugica développe un travail artistique sur la question du féminin dans l’art à travers différents médiums comme la peinture, le dessin ou la photographie.
Elle a une préférence pour la mine de plomb ou les couleurs à l’huile…

Elle travaille souvent à partir de photographies qu’elle considère comme des fragments de la réalité, des instants figés. Les photos réalisées constituent son carnet de croquis.
Dans ses dessins ou ses peintures, l’instant volé par la photographie est reproduit sur le support. Utilisant le principe du cadrage photographique, les corps ou les visages sont parfois cadrés de façon singulière, en gros plan, parfois même hors cadre.

La picturalité provoque une distanciation par rapport au réel. Elle crée une image identifiable dans un univers sensible qui n’est pas celui de la photographie. Le but est de transcender la réalité afin qu’elle se voile de mystère en perdant le sujet dans la lumière, l’ombre ou le flou. Apparitions incertaines, disparitions délicates… Elle utilise également des matériaux qui ont une forte charge symbolique.

C’est plus une impression qu’une vision qu’elle cherche à provoquer chez le spectateur.

 

La femme : une ambigüité contemporaine

Valérie Mugica tente de conjuguer plusieurs sentiments dans une même œuvre, parfois contradictoires : beauté et angoisse, abandon et pouvoir, amour et violence, tentation et transgression… L’œuvre devient alors un lieu symbolique où l’ambiguïté prend sens.

Elle utilise, dans son travail, l’écrit, le mot, parfois à des fins poétiques, parfois pour choquer les esprits. La sensualité et l’érotisme de certaines pièces peuvent se heurter à des écrits (mots, articles de presse) ou images (photos de presse, couvertures de magazine) qui participent à une représentation « trash » de la femme.
Elle appréhende de la sorte le traitement et la perception des femmes dans notre société du 21ème siècle et ses comportements sexistes vis à vis de l’émancipation féminine.

Représenter le corps féminin avec, et c’est important, une vision féminine ne veut pas dire le réduire à un statut de femme-objet.

« Dès mes premiers travaux aux Beaux-arts, je représentais des corps d’hommes et de femmes, grandeur nature ou à échelle 1 ½ : dessins au fusain et à la mine de plomb, huiles sur papier.
Des corps en suspension,  qui disparaissent peu à peu pour laisser place à une image contrastée devenant ainsi une forme quasi abstraite. Le corps reste cependant omniprésent, même dans l’absence de corps. Il laisse comme une image rémanente inscrite dans notre mémoire.
Avec les années, mon travail a évolué sans pour cela s’éloigner de ses préoccupations d’origine.

Essentiellement figuratif, il tente d’approcher l’essence de l’intimité féminine en questionnant l’image du corps, la mémoire, l’absence, le souvenir… Thèmes qui jalonnent mon travail depuis ses débuts.

Mon travail, qu’il soit peinture, dessin ou photographie est rempli de non-dits ; il montre mais il suggère tout autant. Entre présence et absence, le corps féminin en est le cœur.

Le désir et la sexualité questionnent également les différentes séries.
J’ai fait le choix de représenter figurativement l’évocation du désir et de l’érotisme féminin sans réduire son sujet à un simple objet de désir, encore moins pornographique.

Comment représenter la féminité, le désir féminin, le trouble qui peut s’en dégager…
Comment cette question peut-elle être abordée aujourd’hui ? Par une artiste femme ?
Pourquoi, aujourd’hui, cette question peut encore déranger, mettre mal à l’aise ? »